De la Grèce à la France, en passant par la République de Rome ou... à la recherche de la Rationalité.

par René GAYRARD

R_GayrardAncien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan. Agrégé de Physique. Ingénieur Génie Atomique. Ancien Professeur à Sup‘Aéro Paris, puis Toulouse. Professeur (H) de l’Institut National Polytechnique de Toulouse.


En proposant un article sur les problèmes scientifiques et techniques d’intérêt général que j’ai rencontrés au cours de ma carrière d’Enseignant commencée à Paris au Lycée Diderot en 1960, Lycée Pilote de l’enseignement technique national et en parallèle à Sup’Aéro, alors à Paris (et malgré un grave accident de voiture qui m’avait fait perdre un an), je ne me rendais pas compte à quel point ma formation personnelle et le contexte familial, direct ou lointain, avaient influencé mes points de vue, même si ces éléments n’étaient pas nécessairement scientifiques, mais participaient en sous-jacence, à mes façons de raisonner. Au surplus, né avant la guerre de 39-40 où j’ai souvenance du soir de départ de mon Père, qui n’allait revenir qu’en 1945, mon enfance quercynoise s’est déroulée sous l’occupation.
Vu ces observations, je me vois amené à donner quelques éléments sur ma famille et la formation induite au travers de celle-ci, qui m’a amené à refuser toujours toute consigne autoritaire...et cela s’est manifesté dès le second jour où ma Mère, voulant ne pas perturber les habitudes de sa bourgade familiale, dont sa Grand-mère avait été la dernière Baronne, où ma Mère m’envoya au Catéchisme. Le curé, quelque peu Vichyste, voulut m’imposer ses façons de penser, alors que les chaises du 1er rang de l’église étaient au nom de mon arrière Grand’Mère maternelle. Donc, dès mes six ans, je ne manquais pas de caractère. C’était évidemment lié aux neurones de mon Grand -Père maternel qui s’était quelque peu éloigné des traditions familiales, que son frère cadet poursuivit, mais sans succès, du fait de l’affaire Staviski, où il perdit ce qu’il avait, et idem pour la famille. Donc, intéressé par la Mécanique, il avait choisi de suivre l’aristocratie en ce domaine, devenant Maître Ouvrier Compagnon du Tour de France, ce qui, au début du siècle, l’avait conduit à Paris à la Direction du Service de Course de Louis Renault, et en contact avec un autre Quercynois de Paris alors PDG de la Compagnie Générale Transatlantique. Le Député, puis Sénateur des lieux étant alors Anatole de Monzie, qui, malgré les occupants, fut présent à l’enterrement de mon Grand- Père en septembre 41, où il y eut plus de 2000 personnes dans une bourgade qui n’avait alors que 1500 habitants.
Même chose quand, la guerre passée, Maurice Faure envisagea de se présenter à la Députation sur le Département. Il prit la précaution de faire une visite à ma Grand’mère, accompagné du cousin, alors Maire de la Commune. Autrement dit, on tenait compte de nos avis et en tous cas, on en donnait l’impression. Ainsi, avec de telles pratiques, prolixes bien sûr, j’ai pris l’habitude très jeune de discuter avec qui que ce soit. Et comme j’ai toujours été le meilleur en Maths de toutes les classes où je suis passé, dont en Math Elem avec Roland Lafite des Landes, qui fut reçu 3ème à l’Agreg de Maths dès sa première présentation et qui, comme d’autres, s’était étonné que je m’oriente vers la Physique, et que j’ai retrouvé à Toulouse plus tard, mais perdu de vue après le décès de son épouse à une trentaine d’années et avec la charge d’enfants encore jeunes. Je n’ai pas eu ce genre de problèmes, mais d’autres assez similaires avec la perte d’un jeune enfant. C’est sans doute le lot des hommes d’avoir ce genre d’ennuis, même à notre époque (an 2000 ou presque) particulièrement «évoluée» quant aux problèmes de santé. Et là aussi pour les soins, ce sont des problèmes directs ou indirects d’utilisation des capacités de la Rationalité. Dans les finances aussi, ce qui fut le cas, il y a fort longtemps, pour la Gestion des Finances des Papes en Avignon, par l’intermédiaire de Jacques Duèze de Cahors, deuxième pape en ce lieu, qui connaissait la famille de Samuel Na Delmas, usurier juif, inscrit auprès des évêques de Cahors, et qui venait de se convertir en 1306, suite aux décisions de Philippe IV le Bel, avant que celui-ci n’écoute les Templiers qui tenaient les deniers de l’Eglise. Ainsi, deux décisions contraignantes de Philippe le Bel furent finalement favorables à la famille de ce côté là, où après le retour des Papes à Rome en 1377, mes aïeux maternels Del Mas, initialement installés au Mas d’Agenais, sur la Garonne, regagnèrent leurs pénates et désormais chrétiens, entrèrent dans les finances royales et furent acceptés par les familles aristocratiques locales, avec leurs moyens financiers et relations. Mais il suffit de quelques déboires financiers pour que toutes ces «caractéristiques» s’effondrent. Ce fut le cas avec le frère cadet de mon Grand-père, alors Directeur Départemental de la Banque de France, qui eut le tort de croire aux sirènes d’un certain Serge Alexandre Stavisky, fondateur du Crédit Municipal de Bayonne, dont on connait plus ou moins bien l’escroquerie par laquelle mon Grand Oncle se ruina, y compris l’ensemble de la famille autour.
Nous en avons conclu, à tort ou à raison, que point n’est besoin de trop d’argent et surtout n’en trop vouloir et de même, sans doute, d’autres Delmas de même souche, tel un surnommé Chaban, dont j’ai un courrier à ce sujet dans mes archives concentrées dans ma maisonnette Bureau des bords de mer, depuis que je ne vais plus guère en ma vieille maison du Lauragais.
Quant au côté paternel, les choses sont encore plus anciennes, et dès lors, plus complexes. Le document le plus important dont je joins ici copie est, par précaution, au coffre de ma banque, où, en principe, il est mieux protégé que chez moi. Le Président du Sénat alors en exercice, signataire du dit document, a été évidemment aidé des services de la «questure», comme de contacts extérieurs, dont auprès du Vatican, pour être aussi affirmatif au sujet du lointain St Patron des Architectes, dont je porte le nom et qui construisit à Toulouse la Basilique St. Sernin d’où partit le 24 août 1096, la 1ère Croisade avec la bénédiction du Pape Urbain II, soit Eudes de Chatillon, qui consacrait l’Autel du lieu, en même temps qu’il confiait la direction de la dite Croisade à Raimond IV de Toulouse (cousin germain du Constructeur Raimond Gairard ( pas de «Y» à l’époque), qui avait déjà combattu l’Islam en Espagne et avait ainsi une certaine expérience que n’avait pas son arrière cousin du Nord Godefroy, n’en déplaise aux historiens de ces régions.
La France venait de passer des Carolingiens dont nous étions, aux Capétiens. Mais ce qu’on oublie un peu trop d’ordinaire, c’est que le sang de Clovis-Clotilde, que portait Hugues, d’où son «sacre», lui venait de son arrière Grand-mère Adélaïde d’Autun, de la plus ancienne «famille héxagonale», qui avait épousé le Valeureux Combattant Robert le Fort, issu d’une toute autre souche, moins considérée à l’époque, du moins pour l’église. Comme il avait été pour Pépin le Bref et Bertha, dite «au grand pied» pour cela. D’où le sacre de Charlemagne à Rouen et l’absence de cette cérémonie pour Pépin. A tort ou à raison, l’Eglise se référait alors au Sang de Clovis-Clotilde, cette dernière, pour partie Burgonde, portant un sang plus ancien. Il y avait donc des choix raisonnés sur cette base, en des temps encore proches de l’Empire Romain.
Côté paternel GAIRARD donc, où au début il n’y avait pas de «Y», les choses sont plus an-ciennes et dès lors, plus compliquées aussi ; pour en simplifier l’exposé, je vais partir des temps les plus anciens et suivre les évolutions. Car la recherche, en remontant le temps, n’a pas été facile.
A l’origine, nous sommes grecs avec les façons de raisonner de ce peuple, et diverses personnes de la lignée citées dans les légendes antérieures à l’Histoire. Ainsi Atalante et sur son frère Gethalides nommés parmi les Argonautes. Quant aux historiques, les deux premiers sont deux frères Attale et Eumène, Généraux de Philippe de Macédoine qui, aux côtés d’Aristote, formèrent Alexandre le Grand et l’accompagneront au début de ses conquêtes. Pas mal donc, même si les différences d’âge les amèneront à rester en Asie Mineure, où, après le décès de leur protégé, ils développeront le Royaume de Pergame, avec sa bibliothèque de 400.000 volumes, pour lesquels ils inventeront le Parchemin (Pergama). En fait, au départ, ils avaient utilisé le papyrus fourni par les Cousins d’Egypte, mais ceux-ci préférèrent le garder pour leur Bibliothèque d’Alexandrie, où ils eurent jusqu’à 700.000 volumes, malheureusement inflammables et dont les 3/4 disparurent dans l’incendie provoqué par César. Au fond, ce fut donc la Bibliothèque de Pergame qui fut la plus complète. Mais, peut-être faut-il préciser la situation !!!
Alexandre disparu, Attale et Eumène se consacrèrent à la Culture, d’où , à terme, les 400.000 volumes de la Bibliothèque de Pergame. Sans parler de quelques monuments en Athènes et autres lieux. Mais, sans doute, faut-il noter également que la fille de ce premier Eumène avait pour nom Cléopâtre, qu’elle épousa Ptolémée Soter, premier Général d’Alexandre, à qui elle donna une fille du même nom, etc, etc... jusqu’à celle que connut César, en numéro sept. Bien des choses pourraient être notées à ce sujet, dont la transmission du «prénom» sur plusieurs générations.
Mais, en ce qui nous concerne, l’arrivée de la République Romaine en Orient en 133 avant notre ère, modifiables implantations. Ainsi l’accord signé avec cette dernière République conduisit à l’intégrer dans ses structures de prestige et les Attalo-Euménides devinrent Proconsuls, soit Ambassadeurs auprès des Gaulois de Bibracle, quand il y eut signature d’un «traité de fraternité» entre Rome et ces Gaulois, les Eduens. D’où le surnom qu’ils nous donnèrent GAIRARD, GAIR, signifiant frère en Celte, que le latin écrivit GER, d’où des déformations ultérieures dans le Nord de la France et la langue d’Oil, et de même en italien, vers le 10ème siècle. Soit, après Charlemagne et son cousin germain Guillaume le Grand alias St. Guilhem, Marque essentielle de la famille d’Autun, par la chanson de Geste à son sujet et ses parents, dont «Aude» sa mère, fille de Charles Martel et son père Thierry, Comte d’Autun de souche Gréco-Romaine et Burgonde.
Qu’ils l’aient voulu ou non, de même que plus tard, qu’on le sache ou non, on porte sur les épaules ces marques du passé. Et finalement, on n’est pas très étonné, quand on les apprend consciemment. Même chose pour les Religions, mais ce serait trop long à exposer. Cependant, doit-on en privilégier une ? Ainsi, pour ma part, dois-je conserver les anciennes Asiatiques ou la chrétienne avec plusieurs «Saints» familiaux, dont deux comme ancêtres directs, ou garder avec moi la «mémé Oriabel» musulmane Abbasside, seconde épouse de St Guilhem et mère de Bernard de Septimanie, qui n’a pas pour autant éclipsé «Cunégonde», première épouse de Guilhem et que par épousailles intra familiales nous avons aussi dans nos gènes. Même si ceux d’Oriabel sont ceux de l’oncle de Mahomet, que les Musulmans de Perpignan on gardé en mémoire, pour m’inviter à la table d’Honneur, lors de l’inauguration de leur «Mosquée» Mais jouons la Paix.
Mais peut-être ai-je trop vite oublié la Grèce et sa Géométrie Pure qui obligerait à réfléchir et où je n’ai pas trouvé de grandes difficultés, à l’inverse de mes camarades d’Etudes. Etait-ce inscrit dans mes gènes ?, y compris depuis Aristote ou Eschyle et l’Oreste ? Ou encore depuis Pythagore ? Qui sait ? Mais, peut-être ferait-on bien de donner aux jeunes ces exemples de raisonnements plutôt que de simples statistiques ?
Pour l’heure, je m’arrête ici, sauf à faire remarquer qu’Eschyle (525-456) parle déjà des Attalo-Eumenides et que j’ai donc encore des choses à trouver, et surtout que dès l’époque d’Erasthotène, on commençait à penser que la terre tournait autour du soleil, ce que le christianisme allait refuser et cacher pendant plusieurs siècles.
Peut-être reprendrons-nous ces quelques réflexions ? Peut-être y verrons-nous une continuité raisonnable ou raisonnée ? A voir.

René GAYRARD

Le 8.2.2016 à Port Leucate

La tribune du progrès : N°58 Mars 2016